95770, canton de Magny-en-Vexin
Altitude : 38 m.
Population : 544 hab. en 1790, 801 hab. en 1999, 987 hab. en 2013.
Situé sur la rive gauche de l’Epte, à l’emplacement du gué de l’antique chaussée de Jules César de Paris à Rouen, le village de Saint-Clair était un poste frontière entre la Normandie et l’Ile-de-France.
Église (M. H.) : l’église actuelle, placée sous le vocable de Notre-Dame, fait suite à une église carolingienne dont les fondations ont été reconnues sous le chœur (voir tracé sur le pavage). Elle est en partie du XIe siècle, avec une abside en cul-de-four ornée d’arcatures et un bas-côté avec des voûtes en berceau très basses. La nef, incendiée par les Anglais en 1180, et aussitôt reconstruite, marque la transition entre le roman et le gothique. Le bas-côté sud, de vastes proportions, fut construit au XVe siècle en gothique flamboyant. Il était destiné à contenir les nombreux pèlerins venant se recueillir sur les tombeaux de saint Clair et de son compagnon saint Cyrin.
A remarquer, au fond du bas-côté nord, une «mise au tombeau», du XVIe siècle provenant de l’ermitage de Saint-Clair et, dans la chapelle nord du transept, la châsse de saint Clair et la plaque commémorative du millénaire normand.
Prieuré : attenant à l’église, les bâtiments du prieuré bénédictin conservent un certain caractère, malgré les remaniements subis au cours des siècles et les dégâts causés par un incendie en 1898. Fondé avant 841 (charte de donation de Rieulfe, archevêque de Rouen), le prieuré de Saint-Clair dépendait au XIe siècle de l’abbaye de Saint-Denis, puis de celle de Bourgueil. Il fut vendu en 1793 comme bien national et converti en ferme. Au sommet de l’un des versants du toit, très ancienne cheminée de brique, légèrement en retrait par rapport au pignon.
Château : il ne reste dans le marais, près de la rive gauche de l’Epte, que les ruines d’un donjon du XIe siècle, vestiges de l’ancienne forteresse défendant l’Ile-de-France. Celle-ci fut prise en 1118 par Henri Ier d’Angleterre, alors que Louis le Gros s’avançait vers Gisors. On la démantela en 1531.
Ermitage et fontaine : à l’entrée du village, dans le «pré du paradis» à l’emplacement où Clair vécut et fut martyrisé en 884, se dresse une chapelle dans un enclos. De fondation ancienne, elle fut restaurée en 1722 par le duc de Broglie, puis en 1884. Actuellement très dégradée, elle doit être à nouveau restaurée.
Près de l’enclos jaillit une fontaine réputée pour la guérison des maux d’yeux. On y a construit un modeste édicule avec une statue de saint Clair, dont la fête est célébrée le 17 juillet.
Vieilles maisons : face à église, maison à pans de bois du XVIe siècle, ancienne hostellerie des pèlerins. A l’entrée du village, verger conservatoire de la pomme.
Traité de Saint-Clair : réunis à Saint-Clair en 911, Charles le Simple, roi de France et Rollon chef des Normands conclurent un accord par lequel le roi de France abandonnait à Rollon les pays de la basse Seine (qui devinrent la Normandie), en présence du duc Robert et de nombreux prélats. La tradition veut que ce traité ait été passé dans l’église où un vitrail rappelle la scène et que le roi ait promis à Rollon la main de sa fille Gisèle qui se serait mariée dans l’église de Saint-Clair l’année suivante. C’est dans l’églisede Saint-Clair qu’en 946, Richard-sans-Peur fut reconnu duc de Normandie par le roi Louis IV.
Écarts : Beaujardin, d’importantes ruines gallo-romaines y furent découvertes au début du siècle. Breuil. Le Fayel : ancien fief de la famille Le Mercier (XVe siècle). Au début du siècle le moulin broyait du corozo dont la poudre très fine servait à saupoudrer les pâtes à pain avant de les mettre au four. Le Héloy (c’est-à-dire le hallier) : noyée dans les bâtiments d’une grande ferme ancienne, chapelle désaffectée construite en 1720 par Achille de Broglie, et vestiges d’un château reconstruit par le comte de Caylus; colombier important.