60590, canton de Chaumont-en-Vexin
Altitude : 66 m.
Population : 844 hab. en 1790 (avecTrie-la-Ville), 1 460 hab. en 1999, 1 564 hab. en 2013.
Étymologie : Treia en 1120 (probablement du latin trajectum, passage, gué, peut-être du germanique thresk, jachère).
C’est un ancien bourg fortifié, bâti sur la rive droite de la Troesne. De l’enceinte primitive il ne reste qu’une porte (M. H.) donnant accès à la ville (XIIe siècle). L’autre porte a été détruite en 1851. Pendant la Révolution, Trie-Château a pris le nom de Trie-sur-Troesne.
Église (M. H.) : placée sous le vocable de sainte Madeleine, l’église de Trie-Château est constituée d’une nef unique avec charpente apparente ornée de têtes grotesques et d’un chœur à chevet plat du XIIIe siècle. La facade du XIIe siècle, très restaurée au XIXe siècle par Viollet-le-Duc, est ornée d’un porche formant avant-corps, surmonté d’un gable, avec un décor abondant recouvrant uniformément tous les membres de l’architecture : c’est ce qu’on appelle le « Roman fleuri ».
Château (M. H.) (aujourd’hui hôtel de ville) : bâti au XIe siècle par le roi Philippe Ier pour défendre l’entrée du Vexin, il fut pris en 1418 par Henri V d’Angleterre qui y établit son quartier général.
Après avoir appartenu aux Trie, aux Dammartin, puis aux Estouteville, le château passa aux Bourbon-Longueville, puis aux Bourbon-Conti et enfin, le 7 octobre 1783, à Monsieur, frère du roi Louis XVI, futur Louis XVIII.
Au XVIe siècle le château fut transformé par Adrienne d’Estouteville, puis par Henri de Longueville qui y reçut le roi Henri IV. Il fut ruiné à la Révolution. Il n’en reste de nos jours qu’une grande demeure très restaurée. De la construction primitive subsistent une tour ronde et les soubassements de deux autres, de très belles pièces voûtées et un bel escalier Renaissance.
Curiosité : dans le village, ancien auditoire de justice, avec de belles fenêtres romanes (XIIe siècle) à baies géminées sur colonnettes (M. H.).Une autre façade romane fut démontée peu après la dernière guerre et vendue par un antiquaire au Victoria et Albert Museum de Londres.
Mégalithe (M. H.) : au lieu-dit «La Garenne», dolmen des «Trois-Pierres» ou «La Pierre aux Druides», reste d’une allée couverte, connue depuis le XVIIIe siècle, mais explorée en 1876 par Léon de Vesly et Fitan.
Hommes célèbres : Renaud II de Trye, maréchal de France, mort en 1319. Mathieu III de Trye, maréchal de France, mort en 1344. Guillaume de Trye, évêque de Bayeux, puis archevêque de Reims, pair de France, mort en 1334. Renaud III de Trye, amiral de France, mort en 1397.
Jean-Jacques Rousseau fut accueilli en 1767 par le prince de Conti; l’écrivain y termina ses «Confessions».
Charles-Antoine Dupuis, né à Trie-Château (1742-1809). Érudit, auteur de «L’Origine de tous les cultes», il fut député à la Convention, puis devint membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. On lui doit la conservation des statues du portail de Notre-Dame de Paris, menacées de destruction pendant la Terreur.
Le comte Joseph-Arthur de Gobineau (1816-1882), auteur del’«Essai sur l’inégalité des races humaines», fut châtelain, maire de Trie et conseiller général. En 1871, il tint courageusement tête à l’occupant.
Les eaux de Trie : Trie-Château avait des sources miraculeuses (source de l’Eau verte, fontaines de Conti et de Bourbon) qui passaient pour guérir toutes les maladies. Leurs eaux furent analysées en 1779 par un apothicaire du roi qui leur reconnut des vertus toniques et apéritives, susceptibles de prévenir et de guérir, non seulement des maladies de la digestion, mais «les affections mélancoliques et vaporeuses». Ces sources furent exploitées pour l’eau minérale à la fin du XIXe siècle.
Écarts : château de Bellevue, la Croix Blanche, la Folie, les Groux, les Kroumirs, le château de Bois Joli ou de Sainte-Marguerite (à l’emplacement de l’ancien couvent des Récollets transféré à Chaumont en 1737), la Tuilerie, les Boudins, le Moulin à tan.